Artistes connus au Ukulélés

Elvis Tetiarahi

Ia ora na Elvis ! Peux-tu te présenter s'il te plaît ?

Ia ora na ! Je m'appelle Elvis Tetiarahi, j'ai 34 ans et je travaille à mon compte dans le domaine touristique : je revends des produits locaux, notamment au Marché de Papeete et sur mon site monoipolynesia.com.

Quelle place a la musique dans ta vie ?

Elle occupe une place importante ! Comme on dit ici, les polynésiens (pour la plupart) ont ça dans le sang. Et c'est mon cas. C'est aussi une histoire familiale, car j'ai une famille qui aime beaucoup faire la bringue. Avec mon père, ça fait des années que l'on joue du ukulele ensemble. D'ailleurs en Polynésie, chaque famille a sa façon de "bringuer" : les styles de frappes ne sont pas les mêmes. Certains jouent de manière moderne, d'autres "à la cool", ou encore façon hula, le style hawaïen... Dans ma famille, c'est plutôt façon kaina et cool aussi ! On ne joue pas du ukulele comme des professionnels, mais à la tahitienne. On joue les notes simplement, en favorisant la voix. Ca veut dire qu'on ne remplit pas nos chansons avec les notes et la voix va loin : si tu es là-bas, elle va venir te chercher [rires] ! D'ailleurs souvent lorsque l'on est invité à une soirée ou à un anniversaire, on se retrouve à faire l'animation !

Comment cet amour pour le ukulele est-il né ?

C'est mon père qui m'a donné l'envie de jouer de cet instrument. J'ai grandi en le voyant faire de la musique avec ses cousins. Je me souviens que ça m'a toujours émerveillé car c'est tellement beau : les sons des ukuleles, les voix... C'est magnifique. Sans parler de nos chansons polynésiennes nostalgiques, qui procurent beaucoup d'émotions ! Les textes des chansons locales ont de nombreuses significations : ça peut parler de la nature, d'une femme, d'un enfant... Et si tu comprends les paroles, c'est vraiment beau à entendre car il y a de nombreux messages qui sont passés à travers les chansons.

Comme as-tu appris à jouer du ukulele ?

Je n'ai jamais pris de cours, j'ai tout appris au visuel. C'est une caractéristique de notre culture : on n'a pas besoin d'écrire car on apprend en regardant les autres faire et ensuite on fait. Bien sûr après il y a beaucoup de pratique derrière, ça fait plus de 10 ans que je joue ! Je joue en famille uniquement et beaucoup avec mon père car c'est la base, et on a le même style. Et lorsque je me retrouve à faire la fête avec d'autres personnes dont le style de frappe est différent, je vais plutôt chanter ! 

As-tu des inspirations, un artiste que tu aimes particulièrement ?

Mon oncle, sans hésiter ! Il n'est pas professionnel mais il chante avec le cœur. Il a très longtemps chanté dans les hôtels, en faisant des animations musicales. Aujourd'hui il n'habite plus ici mais en Nouvelle-Calédonie. Il jouait avec son frère et je me suis inspiré de leur style. Le kaina, la musique polynésienne vraiment authentique, d'autrefois. C'est une façon de jouer au ukulele plutôt rapide, avec plusieurs frappes différentes. Car pour nous polynésiens, lorsqu'il y a une animation musicale il faut que ça bouge ! Il faut que les gens s'amusent, sourient... La base de la musique polynésienne elle vient de là. La musique kaina s'inspire aussi beaucoup de la frappe paumotu (le style des îles Tuamotu). C'est un style qui vient de là-bas, le mot kaina est d'ailleurs un mot paumotu.

As-tu déjà essayé de composer des chansons ?

Oui, j'ai déjà écrit des textes en tahitien. Pour moi, écrire des chansons en tahitien c'est facile. Ce qui l'est bien moins c'est de composer une mélodie ensuite ! Il faut savoir y donner la note. Pour le moment ce n'est pas dans mes projets, il faut dire que je suis tellement pris aussi... Pour moi la musique c'est comme un passe-temps. Je joue pour le plaisir, à la maison... et pour les occasions. Et c'est très bien comme ça.

Merci pour cet échange Elvis ! Un dernier message à faire passer ?

Oui, j'aimerais surtout adresser un message pour la jeunesse polynésienne : ne perdez pas votre culture. Pour moi la musique locale fait partie de mon identité, elle permet aux polynésiens de s'identifier parmi tous ces styles qui diffèrent de par le monde. Et ce qui est triste c'est que de plus en plus, à l'échelle mondiale, les différences se perdent car tout le monde fait la même chose (c'est le cas en Europe par exemple). En Polynésie, notamment au niveau de la musique, on a une identité assez riche. Donc il faut la conserver, ne faut pas oublier d'où l'on vient.

Je trouve dommage que certains jeunes se tournent vers des musiques délirantes, avec des paroles insultantes... Ce n'est pas beau. Revenez à la culture car c'est une vraie richesse. Apprenez à jouer du ukulele, à faire la bringue, chantez nos chansons... comme ça grâce à vous la culture polynésienne pourra perdurer. Restez polynésiens, soyez fiers de qui vous êtes. Comme moi je suis fier d'être polynésien, c'est que du bonheur. Mauruuru !


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