Artistes connus au Ukulélés

Teiva Hunter

Ia ora na, peux-tu commencer par une petite introduction ?

Ia ora na, je m'appelle Teiva Hunter, je suis auteur, compositeur et interprète. J'ai écrit mes premières chansons à mes 15 ans quand j'ai appris la guitare à Tahiti. Aujourd'hui je vis dans l'hexagone et j'ai sorti mon premier EP en novembre dernier.

As-tu toujours été animé par la musique ?

Oui j'ai toujours été passionné par la musique. Tout petit déjà, je me mettais devant le poste de radio pour écouter des CDs. Plus tard j'ai écrit beaucoup de poèmes et j'ai ainsi découvert mon amour pour les mots, le choix du mot parfait. Puis quand j'ai découvert que j'étais capable d'écrire une chanson, je n'ai plus jamais écrit de texte sans qu'une mélodie vienne avec. 

Comment crées-tu alors une musique ?

La musique et le texte me viennent en même temps, auxquels j'apporte ensuite quelques arrangements si besoin. Comme une recette de cuisine, j'ajoute quelques éléments et j'en fais une chanson. C'est souvent une phrase ou une émotion qui me viennent en tête, et la mélodie vient en même temps. C'est assez difficile à décrire et en tant que compositeur on n'a pas forcément envie de comprendre ces moments d'inspiration, c'est ce mystère qui est intéressant. 

D'ailleurs as-tu des inspirations, des références musicales auxquelles tu penses lorsque tu composes ?

De moins en moins. J'essaye d'avoir mon propre style et de puiser au fond de moi-même. Mais quand j'étais plus jeune, c'est vrai que j'avais le réflexe de me demander si un artiste aurait fait le refrain de la même manière par exemple. En fait il y a beaucoup d'artistes, qu'ils soient internationaux ou polynésiens, que j'écoutais énormément et donc auxquels je me réfèrais de manière assez insconciente. Des groupes polynésiens connus m'ont influencé tout comme des joueurs de ukulele croisés dans la rue ou aux roulottes, avec leurs belles mélodies qui m'ont bercé. Maintenant quand j'arrange une chanson j'ai donc le réflexe de retrouver ces sonorités de Polynésie et c'est ce qui fait mon identité. Je pense notamment aux percussions, au ukulele ou encore aux paroles tahitiennes. 

Et quand tu composes une musique, tu écoutes des chansons particulières pour t'en inspirer ?

J'ai tellement écouté de musique dans mon enfance que maintenant je n'ai pas besoin d'aller chercher les chansons qui pourraient m'aider, je laisse simplement errer mon imagination et mes souvenirs puis ça me revient. J'arrive à trouver les sonorités que je cherche car elles sont encore vivantes quelque part dans ma tête. C'est vrai que c'est un peu la phase cachée de la création de musique. Il y a en réalité une grande partie du travail qui consiste à rester dans le studio à réfléchir à une mélodie, puis tout à coup l'inspiration vient et on crée la musique, et c'est assez magique ! Mais c'est en fait le cas dans la plupart des arts, que ce soit la peinture ou même la poterie par exemple.

Penses-tu également toucher le public métropolitain en leur faisant découvrir le Fenua ?

Oui c'est un peu le but ! Mes chansons sont quand même assez pop avec ce petit ingrédient de Polynésie française, mais qui ne prend pas non plus toute la place. Ça peut plaire à tout le monde. Le public de métropole écoutent mes musiques sans forcément se rendre compte qu'il y a une part de Tahiti avec.

Tu as aussi des bons retours du Fenua ?

Oui bien sûr, cela dépend des titres et de leurs particularités. Quand j'ai sorti mon premier single "Derrière moi" aux sonorités pop urbaine avec un sujet universel, c'est plutôt des retours de métropole que j'ai eu. Cependant lorsque "Danser" est sorti, qui en plus a été tourné à Tahiti et comporte des percussions tahitiennes fortes, j'ai reçu beaucoup de retours sur les réseaux sociaux de tahitiens !

Quels sont les messages que tu cherches à faire porter ?

A travers mon premier EP, je veux passer des messages de tolérance, d'amour, de tendresse envers ses proches, de confiance en soi et notamment de lâcher prise avec le titre "Danser."

Le titre éponyme "Exilé" par exemple raconte le fait de vivre une expatriation. Pour ma part quand je suis arrivé en France métropolitaine après 16 ans d'outre-mer, j'ai été un peu surpris par la violence de la société envers les minorités, qu'il n'y avait pas forcément à Tahiti qui est plus pacifiste. C'est donc ainsi que cette chanson est née.

Pourquoi as-tu décidé de sortir cet album?

J'avais écrit des dizaines et dizaines de chansons, et quand j'ai rencontré mon manager en 2017, il m'a conseillé de faire un album pour se présenter au public. J'ai donc décidé de réunir parmi toutes mes musiques soit des chansons qui avaient des sonorités polynésiennes, soit celles qui avaient des paroles avec pour thème la nostalgie.

Pourquoi le choix de la nostalgie ?

Tahiti m'évoque la nostalgie comme j'y ai grandi. C'est un bon souvenir et quand j'y repense ce n'est pas avec une grande tristesse, mais l'émotion que je ressens me fait créer une chanson. Je ne vis pas au quotidien avec la nostalgie mais je l'ai ressenti suffisamment fort pour en faire de belles chansons je l'espère. 

Est-ce ton seul métier ?

Pendant longtemps j'ai travaillé dans l'aviation mais ça fait plus d'un an désormais que je me consacre intégralement à la musique. J'ai sorti mon premier album et je prépare maintenant mon concert 100% acoustique avec l'aide de mon guitariste. On attend la fin de la crise sanitaire pour pouvoir se produire sur scène. La musique est devenue pour moi un temps plein et c'est merveilleux, je peux composer et répéter autant que je le souhaite.


As-tu essayé de t'initier au ukulele ?

Je joue déjà de la guitare, et j'aurais bien envie d'essayer le ukulele mais j'aurais peur de perdre les accords de la guitare en apprenant ceux du ukulele... Ce qui est peut-être bête, je devrais sûrement m'y mettre ! C'est vrai que maintenant que mon guitariste joue du ukulele, ça me titille et de temps en temps il m'apprend quelques accords !

Malgré le contexte en tant que jeune artiste, n'est-ce pas trop compliqué pour toi de développer ta notoriété ?

En fait tant que j'ai du temps, je l'utilise pour produire de la musique. Donc les confinements me permettent de préparer l'avenir. En ce sens, ce n'est pas compliqué car je peux toujours faire mon travail. Il faut s'adapter car la vie d'artiste habituellement c'est d'être en studio, de sortir l'album, d'en faire la promotion puis de faire les concerts. Par exemple il y a beaucoup d'artistes qui ont sorti leur album juste avant le confinement et donc n'ont pû faire ni leur promotion ni leurs concerts. Donc le rythme actuel de travail d'un musicien est plutôt de produire des albums à répétition. Ça peut paraître étrange mais on s'adapte comme on peut en fonction de la situation. Il faut continuer de produire et d'attendre patiemment la réouverture des salles de concert. Avec mon guitariste on continue de répéter malgré tout et on se dit qu'on sera d'autant plus prêts. 

As-tu d'autres projets en cours ?

Non, pour le moment je reste focalisé sur la production de musique. En 2020 j'ai finalisé mon album, fait les clips et donc maintenant je veux prendre le temps de créer de nouvelles chansons. L'année dernière fût très inspirante pour moi, car j'écris une chanson quand je vis une émotion très forte (qu'elle soit belle ou moins belle), et avec le coronavirus tout le monde a vécu des choses fortes. La vie s'est un peu arrêtée mais la vie a aussi été très intense pour tous, donc j'ai écrit des chansons pour raconter ces histoires et les inspirations qui me sont venues. En 2021 je souhaite me dégager du temps pour produire des musiques et préparer le futur concert. Même s'il y en a peu à cause du contexte, à côté j'aime bien postuler à tous les petits castings possibles comme les comédies musicales ou les émissions de télé afin de faire de nouvelles expériences.

Comptes-tu revenir au Fenua 

J'aimerais beaucoup mais il faudrait que l'opportunité se présente ! Aujourd'hui ce n'est pas possible de prendre un billet d'avion donc ça reste un rêve éveillé. Mais j'ai hâte ! Je reviendrai, je ne sais pas quand mais je reviendrai c'est sûr.

Pourrais-tu nous en dire plus sur la thématique de tes prochaines chansons ?

Malheureusement je ne pourrais pas le dire car il y a de tout ! Mais ce qui est sûr est que je veux me concentrer sur l'écriture, j'ai envie de me perfectionner. Ce sera un peu différent car je n'aime pas faire les mêmes choses, même s'il y aura toujours quelques sonorités de Polynésie.

Merci Teiva ! Un petit mot pour la fin ?

Mauruuru Upa Upa Tahiti pour cette interview ! Je souhaite une belle année musicale à tout le monde, meilleure que la précédente du moins !

 


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